Teinture aux écorces d'eucalyptus

J'aurai mis longtemps à vous raconter cette expérience par écrit. J'en ai parlé dans mon épisode de podcast Blabla laine #4 mais j'ai un peu traîné la patte à vous l'écrire. Je m'en excuse.

J'ai appris mi juillet sur Instagram, en suivant l'une des membres de ce blog (Nadine tu te reconnaîtras certainement) qu'il est possible de teindre avec l'écorce de l'eucalyptus. Il se trouve que dans mon jardin, ici dans le Sud-Ouest, vit un très bel eucalyptus. L'eucalyptus perd son écorce toute l'année, il en rejette des lambeaux, il suffit donc de se pencher pour ramasser. Ce que je me suis empressée de faire bien sûr !

J'ai remarqué qu'il y avait 2 types d'écorce : l'une, fine et rouge qui ressemble à une peau végétale, et l'autre épaisse et brune qui ressemble plus à de l'écorce. J'ai tout ramassé et tout mis macérer deux jours dans mon grand chaudron. Je me suis occupée de mordancer ma laine. J'avais choisi de teindre 5 écheveaux de fil 50% Suri 50% Mérino en calibre sport dans le but de tricoter le Pull Rosa de Anna Dervout. J'ai mordancé ma laine avec de l'alun et de la crème de tartre. Le mordançage est une étape souvent indispensable en teinture afin de préparer la fibre à recevoir la couleur. C'est inutile avec les colorants greener shade mais dans le cas présent c'était indispensable.

J'ai ensuite fait chauffer mon chaudron afin de cuire les écorces, j'ai laissé cuire à gros bouillons pendant 2 bonnes heures. Puis j'ai laissé refroidir avant de filtrer. Pour cela j'ai utilisé un sac à jambon (sorte de sac en étamine). La couleur du bain était celle d'un café noir. Lorsque mon bain de teinture a été débarrassé des écorces, j'ai plongé mon fil mordancé dans le bain de teinture.

J'ai ensuite porté le bain presque à ébullition et j'ai maintenu cette température pendant une heure. Puis j'ai laissé refroidir doucement. Le lendemain, j'ai rincé ma laine et là énorme déception la couleur était vraiment triste et moche : un beige triste, couleur herbe brûlée par le soleil, terne ... vraiment vraiment pas jolie du tout. J'ai mis sécher mes écheveaux, dépitée.

Je m'attendais à une couleur tirant sur l'écureuil alors vous imaginez ma déception.

Ce soir là, il y a eu un gros coup de tempête et le lendemain, toujours déconfite par le résultat obtenu, je suis allée voir au pied de l'eucalyptus si la tempête aidant il n'avait pas rejeté encore un peu d'écorce. Le ciel m'a sourit ! Il y avait au pied de mon arbre assez d'écorces pour refaire un bain de teinture, non plus pour teindre 500 gr de laine mais suffisamment pour teindre 2 mini écheveaux de 50 gr.

J'ai repris tout le processus depuis le début et j'ai fait deux petits écheveaux de 50 gr qui ne sont toujours pas écureuil mais dont la couleur est vraiment intéressante. Je l'ai baptisée"un petit pot de salidou". Le salidou est une spécialité bretonne de caramel au beurre salé, c'est mon amie Brigitte qui m'a fait découvrir cette douceur au goût de péché de gourmandise. Mon amie Brigitte est une merveilleuse écrivante, animatrice d'atelier d'écriture et jardineuse dans l'âme. Je vous invite à aller découvrir son blog si cela vous tente

Il me restait toujours 5 écheveaux à sauver !!! J'ai décidé de tenter le coup avec les colorants greenershade, sachant que la laine avait déjà absorbé du colorant naturel et donc que je ne pourrais pas prévoir le résultat, c'était vraiment un saut dans l'inconnu. Le résultat obtenu n'est pas très régulier, mais il est joli. Je l'ai appelé "de la rhubarbe en compote" et vous pourrez le voir dans un prochain article consacré à la teinture du mohair.