Nouvelle teinture dans mon chaudron : le lichen !

J’avais lu cet hiver qu’il était possible de teindre avec du lichen, or du lichen, ici dans mon jardin du Sud, il y en a sur tous les arbres ! J’avais donc fait une récolte bien décidée à tenter ma chance. Et puis, j’ai dû rentrer en Belgique et puis il y a eu le confinement et je n’ai pas eu l’occasion de venir au printemps comme je l’avais souhaité.

J’avais été bien inspirée de mettre ma récolte dans un bocal en verre fermé uniquement par un étamine, il pouvait donc sécher sans risquer de moisir.

A mon retour, j’ai complété ma récolte car il a fallu élaguer quelques branches et j’ai donc récupéré les lichen sur les branches coupées. Je me suis intéressée à deux sortes de lichen différent. Je ne suis pas une spécialiste LOIN DE LA, il existe plus de 27000 variétés de lichen dans le monde… mais en me fiant au illustration sur internet, je pense pouvoir identifier les 2 variétés que j’ai récoltées.

Voici des photos

1 Parmelia Sulcata 2 Cladonia Rangiferina

Il y a, semble-t-il, deux techniques pour teindre avec du lichen : la macération et la décoction. Comme pour les noyaux d’avocat et le curcuma, la teinture au lichen n’exige pas un mordançage de la laine ce qui tombe bien puisque je n’ai pas encore de produit mordant (mais la commande est passée).

La macération consiste à mélanger le lichen a de l’eau additionnée d'ammoniaque pendant plusieurs semaines. La longueur de ce processus et l’usage de l'ammoniaque m’ont un peu dissuadée de me lancer là-dedans et j’ai donc opté pour la décoction, processus que je commence un peu à connaître puisqu’il s’agit de faire cuire la plante dans de l’eau pendant un temps plus ou moins long.

Je n’ai pas non plus de livre (il est en commande) sur le sujet de la teinture au lichen, je me suis basée sur tout ce que j’ai pu lire sur le sujet sur internet, c’est à la fois peu et beaucoup… parfois flou ! Enfin bref, je sentais qu’il fallait que je me lance et que je prenne des notes.

J’ai pesé mes lichens et j’avais 50gr de chaque sorte. Je les ai mis dans des casseroles différentes et j’ai fait mes deux décoctions. L’une des deux a donné un jus extrêmement clair qui risquait de ne pas donner grand-chose (il s'agit du lichen de la photo numéro 2). La seconde en revanche a donné un jus d'abord caramel et qui a foncé en refroidissant pour donner au final ce que je décrirais comme un café grec. Je ne sais pas si vous avez déjà bu un café grec, mais c’est un café extrêmement concentré et opaque, la décoction avait cette couleur brune très foncée et opaque.

Est-ce que je vous parle de l’odeur ? Oui bien sûr ! si je vous écris c’est pour partager alors il n’y a pas de raison de faire de la rétention d’information … vous avez de la chance qu’un article de blog ou une vidéo ne rendent pas l’odeur car sinon il y a beau temps que je vous aurais perdu ! La décoction de lichen sent très très fort, j’ai envie de dire qu’elle pue très fort, une odeur de marée basse nauséabonde. Je vous recommande si vous souhaitez tenter cette aventure, de la vivre lorsque vous êtes seul chez vous pour quelques jours… c’était mon cas heureusement.

Mais si vous pouvez passer au-dessus de l’odeur, je vous encourage à le faire, si toutefois vous avez du lichen sous la main …. Avec mes 50 gr de lichen, j’ai teint 400gr de laine ! et je trouve le résultat juste sublime. La couleur est claire et l’année prochaine je referai l’expérience avec 100gr de lichen pour 400gr de laine afin de voir s’il est possible d’obtenir une teinte plus soutenue. Le processus est exactement le même que pour les noyaux d’avocat ou les fanes de carottes, je ne vous le détaille pas mais vous renvoie aux articles précédents.

Après la cuisson, j’ai procédé aux rinçages, nombreux, très nombreux, au moins 10 rinçages avant d’avoir un eau suffisamment propre. C’est donc une teinture qui consomme beaucoup d’eau par rapport à mes autres expériences. Je l'ai lavée avec le SOAK mais le parfum du SOAK n'a pas suffit à supprimer totalement l'odeur de la décoction, le séchage a un peu atténué l'odeur mais je pense qu'il faudra attendre le blocage du tricot pour en être vraiment quitte !

Je lui ai bien sûr donné un nom à cette couleur dorée magnifique : une tartine de miel